Millepertuis : Fiche Phytothérapie détaillée

Millepertuis : Fiche Phytothérapie détaillée

Le millepertuis

Fiche Phytothérapie

    Le millepertuis, considéré comme le premier antidépresseur naturel, est aussi efficace que les antidépresseurs synthétiques dans les manifestations dépressives légères et transitoires. De plus, son rapport efficacité/tolérance est bien supérieur à celui d'un antidépresseur traditionnel. Toutefois, avec le millepertuis, il faut faire attention aux interactions médicamenteuses liées à son effet inducteur enzymatique sur le cytochrome P450.

    Histoire

    Le millepertuis, Hypericum perforatum L. (famille des Guttiferae ou Hypericaceae), ou herbe à mille trous, doit son nom aux mille ponctuations translucides, visibles par transparence, donnant l’impression que la feuille est perforée. Les Anglais lui ont donné le nom de St John’s wort car ses fleurs sont cueillies vers le 24 juin, autour de la Saint-Jean (“herbe de la Saint-Jean” en français). Dans l’Antiquité et au Moyen Âge, le millepertuis, appelé “le chasse-diable”, le fléau du diable, est réputé pour éloigner les esprits diaboliques et les sorcières.

    À cette époque, la dépression et les autres formes de troubles mentaux ainsi que la tristesse, la culpabilité et l’anxiété sont considérées comme des possessions diaboliques. L’utilisation du millepertuis pour soigner les troubles psychologiques vient du fait qu’il est capable de chasser les “mauvais esprits”. Le millepertuis devient célèbre au XVIe siècle pour son action vulnéraire. Mais de la moitié du XIXe siècle au début du XXe siècle, la plante est discréditée avant d’être réhabilitée au XXe siècle comme topique cicatrisant et antiinflammatoire. Elle entre dans la composition du Baume tranquille appliqué en friction dans les rhumatismes chroniques.

    À la fin du XXe siècle, ses propriétés antidépressives sont encore peu évoquées. Aujourd’hui, la dépression est devenue l’indication majeure du millepertuis qui est considéré comme le premier antidépresseur naturel. Il est, par ailleurs, indiqué, en usage externe, pour le traitement des ulcères variqueux, crevasses, écorchures, gerçures, piqûres d’insectes et manifestations articulaires douloureuses.

     

    Botanique

    • Le millepertuis est une plante herbacée, vivace, de 30 à 50 cm de haut, dont les tiges dressées portent des feuilles opposées, sessiles (de 1 cm environ) avec des ponctuations noires sur les bords et des poches à huile essentielle visibles par transparence.

    • Les fleurs jaunes possèdent 5 pétales bordés de poils noirs, de nombreuses étamines soudées en 3 faisceaux et 3 styles rouges.

    • Le fruit est une capsule s’ouvrant en 3 valves.

     

    Partie utilisée

    La partie utilisée est constituée par les sommités fleuries séchées récoltées au début de la floraison. Le millepertuis officinal (Pharmacopée européenne) contient au minimum 0,08 % d’hypéricines totales, exprimées en hypéricine.

     

    Composition chimique

    Le millepertuis renferme une fraction volatile constituée d’une huile essentielle, localisée dans les poches sécrétrices des feuilles et des fleurs, d’une teneur variant de 0,1 à 0,4 %.

    • Les naphtodianthrones (quinones), dont le chef de file est l’hypéricine, sont surtout concentrées dans les sommités fleuries (moins de 1 %). Elles sont responsables de la coloration rouge du suc contenu dans les ponctuations noirâtres des feuilles et des fleurs, et sont phototoxiques.

    • Les dérivés prénylés du phloroglucinol (2 à 4 %) sont présents principalement dans les fleurs et dans les fruits où ils se concentrent à maturité. Il s’agit de l’hyperforine et de l’adhyperforine et dérivés.

    • Les flavonoïdes représentent environ 4 % de la drogue végétale séchée. L’hypéroside prédomine (1 à 2 %), puis viennent la rutine et l’isoquercitrine. Les autres dérivés sont détectés en plus faible proportion. Des bisflavones sont égalements retrouvées. Les tanins représentent 6 à 12 % et sont surtout de type catéchique. La plante renferme également d’autres composés comme des acides aminés, des acides organiques et phénoliques, des xanthones, des caroténoïdes et des phytostérols.

    Propriétés

    Des travaux réalisés sur des extraits de millepertuis, sur des modèles animaux ou chez l’homme, ont montré des effets cicatrisant, antibactérien et anti-inflammatoire qui seraient dus à l’hyperforine et à ses dérivés, mais aussi aux tanins et aux flavonoïdes.

    Un effet antidépresseur bien connu

    L’extrait de millepertuis aurait :

    – des effets inhibiteurs non spécifiques de la recapture de la sérotonine, de la noradrénaline et de la dopamine ;

    – une action inhibitrice sur la monoamine oxydase ;

    – une action au niveau des récepteurs sigma, récepteurs situés dans le cerveau et impliqués dans la régulation de l’émotion ;

    – une action sur la sécrétion de la mélatonine, hormone sécrétée par la glande pinéale et jouant un rôle dans la dépression.

    Ainsi, l’action du millepertuis sur la dépression est le résultat des effets de plusieurs composés de l’extrait, biologiquement actifs et susceptibles d’agir en synergie. Il s’agit des dérivés du phloroglucinol dont l’hyperforine, des naphtodianthrones dont l’hypéricine, des composés phénoliques et en particulier des flavonoïdes.

    Comme l’hypéricine ne semble pas être le principal actif responsable de cette activité, la standardisation des extraits en hypéricine n’est pas une garantie de l’efficacité de ceux-ci.

    Un effet anxiolytique

    L’extrait de millepertuis a un effet anxiolytique, intéressant dans le cas de dépression associée à une composante anxiogène. D’autres effets par voie interne ont été constatés comme une action antivirale et vasodilatatrice au niveau des artères coronaires. Par ailleurs, sur des modèles animaux, des extraits de millepertuis réduisent significativement, de façon dosedépendante, la consommation volontaire d’alcool. Ils pourraient donc être employés dans le cadre d’un sevrage alcoolique.

    Effets indésirables et toxicité

    Chez les humains, la toxicité des préparations de millepertuis est rare et son innocuité à des doses normales a été établie. En cas d’ingestion de fortes doses, les quelques effets indésirables sont le plus souvent bénins : légers troubles digestifs, allergies cutanées, fatigue et agitation. La phototoxicité ne se déclenche qu’après la consommation de très grandes quantités de millepertuis, ce qui se produit rarement chez les êtres humains. Cela est plus fréquent chez les vaches et les moutons susceptibles de brouter de grandes quantités de cette plante. 

    Précaution

    Par précaution, il faut recommander aux personnes à peau claire et sensible prenant du millepertuis d’éviter les expositions intenses aux rayons ultraviolets (soleil d’altitude, solarium, bains de soleil prolongés).

     

    Interactions médicamenteuses

    En cas de prises orales de millepertuis, l’aspect le plus dangereux est représenté par les risques d’interactions médicamenteuses. Les antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et les antimigraineux de la famille des triptans peuvent, en association avec du millepertuis, entraîner un syndrome sérotoninergique (nausées, vertiges, céphalées, anxiété, douleurs abdominales, agitation, confusion mentale).

    Pratique officinale

    Par ses propriétés inductrices du cytochrome P450 hépatique, le millepertuis est capable de diminuer de manière considérable l’efficacité de certains médicaments dont l’utilisation est vitale : les inhibiteurs des protéases et les inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse dans le traitement du sida, la cyclosporine et le tacrolimus utilisés lors de greffes, la digoxine, les anti-épileptiques, les anticoagulants oraux, la théophylline, mais également les contraceptifs oraux qui peuvent perdre totalement leur effet. Attention car, à l’inverse, une interruption brutale de la prise de millepertuis peut entraîner une augmentation des concentrations plasmatiques de ces médicaments, en raison de la suppression de l’effet inducteur du millepertuis.

     

    Législation

    Le millepertuis est inscrit à la Pharmacopée française Xe édition (IV.7.A. Liste des plantes médicinales utilisées traditionnellement, 2005) et à la Pharmacopée européenne 5e édition. Il ne fait pas partie des 34 plantes libérées par le décret du 15 juin 1979, plantes qui peuvent être vendues en l’état hors de l’officine. Sa vente appartient donc au monopole du pharmacien. Pendant longtemps, le cadre juridique du millepertuis est resté flou.

    Dans l’annexe I de la note explicative élaborée par les autorités sanitaires en 1998, l’Agence du médicament ne reconnaît au millepertuis, en tant que médicament, qu’une utilisation traditionnelle : « [...] usage local dans le traitement d’appoint adoucissant et antiprurigineux des affections dermatologiques, comme trophique protecteur dans le traitement des crevasses, écorchures, gerçures et contre les piqûres d’insectes, en cas d’érythème solaire, de brûlures superficielles et peu étendues, d’érythèmes fessiers, et comme antalgique dans les affections de la cavité buccale et/ou du pharynx » (Les Cahiers de l’Agence n° 3 1998). Un avis publié au Journal officiel du 2 mars 2002 complète l’usage du millepertuis par voie orale avec les indications suivantes : « [...] traditionnellement utilisé dans les manifestations dépressives légères et transitoires de l’adulte. »

    En Allemagne, l’usage du millepertuis par voie orale dans le traitement de l’humeur dépressive et de l’anxiété est reconnu depuis 1984. Le millepertuis n’y est accessible que sur ordonnance, ce qui permet de contrôler son utilisation et de s’assurer de son innocuité. Ce n’est pas le cas en France car le millepertuis reste en vente libre et peut faire l’objet d’une automédication.

     

    Formes d’utilisation (liste non exhaustive)

    Dans le cadre des troubles dépressifs, le millepertuis s’utilise sous différentes formes.

    • Extrait hydro-alcoolique sec : Arkogélules® Millepertuis à 185 mg par gélule, 1 gél., 2 à 3 fois/j ; Procalmil® à 250 mg par comprimé, 1 cp, 2 fois/j ; Elusane® Millepertuis à 300 mg par gélule, 1 gél., 2 à 3 fois/j ; Prosoft® Millepertuis à 300 mg par comprimé enrobé, 1 cp, 2 à 3 fois/j; Para Millepertuis à 240mg par comprimé, 1 cp, 2 fois/j.

    • Extrait méthanolique sec : Mildac® à 300 mg par comprimé, 1 cp, 1 à 3 fois/j.

    • Teinture mère (TM) : 100 à 200 gouttes/j.

    • Tisanes : 2 g par tasse, 3 tasses/j.

     

    Le Millepertuis par 90 gélules

    Favorise le bien-être mental en cas de troubles de l’équilibre émotionnels, de baisse de moral, de nervosité et d’anxiété passagère. Agit de façon bénéfique sur le moral et l’humeur.
    243 mg de Millepertuis Fort par gélule | 90 gélules par pot.

     

    Utilisations

    • Voie interne La seule indication pour la voie orale reconnue par l’Afssaps est « traditionnellement utilisé dans les manifestations dépressives légères et transitoires ».

    • Voie externe Le millepertuis est réputé cicatrisant et apaisant. Il est employé pour traiter des affections de la peau de la cavité buccale et/ou du pharynx (voir législation). Il est utilisé aussi en cosmétique comme astringent, adoucissant et antiseptique.

     

    Ce contenu nous est gracieusement prêté par Daovy Allais Docteur en pharmacie, Faculté de pharmacie, Limoges (87).

     

    Pour en savoir plus

    Agence du médicament. Médicaments à base de plantes. Les Cahiers de l’Agence n° 3 1998 : 143-7.

    Dogny-Guignard L. Intérêts thérapeutiques actuels du millepertuis, Hypericum perforatum L. Thèse pour le diplôme d’État de docteur en pharmacie. Université de Reims 2005.

    Lacoste AS. Dépression : place du millepertuis dans la prise en charge de la dépression légère à modérée. À propos d’une enquête menée en Midi-Pyrénées auprès de 91 médecins. Thèse pour le diplôme d’État de docteur en médecine. Université Toulouse III 2007.

    Direction européenne de la qualité du médicament – Conseil de l’Europe. Pharmacopée européenne 5e éd.

    Wichtl M, Anton R. Plantes thérapeutiques. Tradition, pratique officinale, science et thérapeutique (2e édition). Tec et Doc 2003.

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